Oiseau-Lyre
"La Princesse de Clèves" de Mme de Lafayette
Mes lectures de vacances n’intéresseront pas trop mes copines cette année, qu’elles les aient déjà lues ou qu’elles en sachent déjà assez -je pense aux quelques Vargas. Ne me faites pas dire ce que je n’ai pas dit, j’ai dévoré ces livres qui m’ont parfois empêchée de fermer l’œil. Mais tout de même, c’était un peu pauvre en lectures.
L'été, je relis souvent un classique, l’an dernier c’était l'immense Barrage contre le Pacifique et là, pas très original mais tellement dans l’air du temps : La Princesse de Clèves. Excepté les premières pages qui m’ont ennuyée, c’est délicieusement bien écrit, un vrai roman précieux et historique, qui se dévore à une vitesse incroyable, et qui donne envie de retourner préparer le bac français…Cela dit, la Princesse et son Nemours sont un peu trop parfaits à mon goût, héros de la sincérité et de la loyauté, même leurs petits mensonges sont admirables de vertu, et on a souvent envie de les sentir un peu plus pervers et intrigants : mais il faudra attendre près d’un siècle pour voir surgir des Liaisons dangereuses !
Anne
Le Goût de l'immortalité, Catherine Dufour (Ed. Poche)
Dans "Le Goût de l'immortalité", le centre du monde c'est l'Asie (normal, quoi!), plus précisément en ce qui nous concerne la Mandchourie et le coeur d'une ville-monde, thème classique de la science-fiction - cimes de la ville pour les riches, bas-étages pour les pauvres. Une dramatique épidémie a fini de séparer les hautes des basses sphères, chacun restant enfermé dans sa paranoïa de l'autre. Il y est aussi question de Polynésie et de terribles moustiques. Il y a même une sorte de sorcière qui prépare des filtres d'immortalité et autour de laquelle une enquêteur français tourne pour finir par tomber sur notre héroïne, adolescente évanescente et profonde à la fois.
Ce livre, on ne le lit pas, on le traverse tel une ombre...
Marie-Hélène
Ce que le jour doit à la nuit, de Yasmina Khadra (éd. Julliard)
C'est l'histoire d'un algérien écartelé entre ses origines rurales et la nécessité de vivre à la ville, entre sa nationalité algérienne et le milieu de colons dans lequel il va vivre, entre Algérie-département français et Algérie-indépendante... un thème classique de Khadra que celui de ces êtres pris dans des guerres entre les deux composantes de leur biculturalité... ferments de paix inutilement ballotés par les grandes haines de l'histoire ... naïfs, impuissants et passifs.
Younès-Jonas est né dans la campagne que ses parents doivent quitter totalement démunis après plusieurs années de mauvaises récoltes et l'incendie criminel de leur dernière bonne récolte. Ils arrivent à Oran et vivent une vie de misère (superbement décrite par Khadra - c'est le fameux premier tiers), témoins de la dérive du père incapable de subvenir aux besoins de sa famille et qui finit par accepter de laisser son fils à son frère, riche pharmacien oranais sans enfants. Commence alors pour Younès-Jonas une vie toute différente, européenne et confortable, dont il appréciera chaque minute jusqu'au jour où l'indépendance algérienne le met en porte-à-faux avec lui-même...
Le tiers "vie confortable" est assez ennuyeux, quant au dernier tiers "crise de vie", il manque de panache... mais peut-être en attendais-je trop de Khadra !
Marie-Hélène
PS : Je lis "Train de nuit pour Lisbonne" ;-)
"Au zénith" de Duong Thu Huong
Le tour du Monde continue, je viens (enfin dites-vous ?) de terminer mon détour au Viêt-Nam, près de 800 pages dont je suis encore toute imprégnée…
Après « Terre des oublis » (une femme déchirée entre les deux hommes de sa vie) « Au Zénith » est beaucoup plus sombre : au cœur du roman, les doutes et les regrets d’Hô Chi Minh à la fin de sa vie, mis à l’écart par ceux-là même qu’il a menés au pouvoir, et son insoutenable douleur de père (père de l’Indépendance, père des enfants qu’il a été contraint d’abandonner..). Autour de lui, des personnages très forts, l’ami fidèle et loyal, le frère courageux qui poursuit son impitoyable vengeance, de jeunes et belles épouses sacrifiées, par la Raison d’Etat ou par la jalousie,…un vrai livret d’Opéra ! En toile de fond, la guerre, contre les français puis les américains mais aussi comme toujours une peinture méticuleuse de la société vietnamienne, des villages de bûcherons jusques aux sphères du Pouvoir. La cupidité et la haine sont partout, et pourtant on croise à chaque instant des figures inoubliables, lucides, drôles, et d’une infinie sagesse.
Je ne sais pas si on ressort heureux ou non de la lecture de ce roman -car il est souvent douloureux, mais grandi, bouleversé certainement, avec une grande envie de pousser la curiosité et de prendre l’avion : qui veut m’accompagner là-bas ?!
Anne
L'Homme du Lac, d'Arnaldur Indridason
Son anti-héros noir s'appelle Erlendur (et on apprend au passage que le prénom, ça suffit en Islande), il vit seul, il est obsédé par les cas de disparitions parce que son frère a disparu dans la montagne quand ils étaient gamins, il a deux enfants dont une fille droguée, et il est l'inspecteur en doudoune d'une série de bouquins dont cet épisode où il cherche à retrouver l'identité d'un macchabée vieux de 30 ou 40 ans trouvé au fond d'un lac attaché à un appareil d'espionnage russe, ainsi que l'auteur du meurtre bien sûr...
Si vous aimez les polars... ou le grand nord... ou les affaires d'espionnage et de guerre froide...
Marie-Hélène